Jessica Lopez aime à combiner le ludique et l’étrange à l’organique.
La nature, parfois extrême de ses procédés créatifs est définitivement aussi intéressante que certaines de ses oeuvres « abouties ».
En effet, la variété de ses travaux de même que de ses thématiques n’enlèvent en rien de la qualité essentielle que tout créateur digne de ce nom devrait enrichir au maximum de son potentiel, à savoir, l’expérimentation technique aussi bien qu’artistique. Les travaux de jeunesse de Jessica Lopez sont essentiellement basés sur de mystérieuses combinaisons souvent interculturelles, telles que mutations animales et vidéos sur musique hispanisante, ou photographies d’objets personnels sur support de fibres végétaux, où seule la régularité de la suspension de ces mouchoirs peut indiquer la persistance de l’organisation dans la mémoire humaine, réservoir
kaléidoscopique fusionnant nos images d’ordre privé et publique, pour en créer une troisième catégorie, les personnelles.
Ses travaux photographiques comprennent de nombreux media divers lui permettant de jouer sur l’émotionnel de l’amateur via le support même de l’oeuvre. Du polaroid au digital en passant bien entendu par l’argentique, Jessica Lopez est une artiste courageuse en perpétuelle évolution personnelle, créative et technique. Le changement
de media, impliquant un nouvel apprentissage, comme plus récemment la maîtrise de la 3D, est à la base de ses expérimentations artistiques.
Parmi les oeuvres les plus marquantes se trouve le récent Triptyque sur l’inconscient, commandé pour le deuxième volet de la série des Installations/Performances Synchronicity à Londres en 2007. Trois artistes de disciplines différente, une peintre Bénédicte Gimonnet , un sculpteur Matthew Jones et une artiste visuelle Jessica
Lopez, ont été commissionnés via la Central School of Speech and Drama de Londres, afin de travailler indépendamment sur trois des concepts clefs de Carl Gustav Jung: respectivement l’Astronomie - le Yin et le Yang - et le Scarabée, le Poisson et l’Oiseau, éléments symboliques présents dans l’inconscient humain selon Jung.
Cette oeuvre récente est très probablement la plus mature de la jeune artiste. Le travail de fond aussi bien que de forme y est particulièrement remarquable. Au premier abord, cette curieuse association composées de curieuses images est déroutante voire répulsive. En revanche, la fascination exercée par la puissance des images pousse le voyeur à la contemplation. Cette série de photographies grands formats est d’une extrême richesse visuelle. La profondeur du détail de même que de la réflexion de l’artiste sur une oeuvre majeure de la psychologie moderne, fait de ce travail un des plus significatifs de Jessica Lopez, révélant son talent ainsi que son évidente maturité artistique.
Eléonore Grave,
Londres, Mars 2008.
